Un merci tout spécial et du fond du coeur à Bernard de Tysserand pour m’avoir soufflé le titre
— C’est à quel sujet ? demanda d’un ton las l’employé sans même lever les yeux vers l’individu furieux qui venait de franchir la porte de son bureau.
— Le sujet, c’est que vous avez désactivé mon compte sans préavis, le voilà le problème ! rugit l’homme en jetant sur le bureau une carte de visite.
L’employé reporta dans sa machine les informations fournies, scruta un moment l’écran, puis se retourna vers son visiteur.
— Effectivement, votre compte a été supprimé car il n’était pas conforme aux conditions d’utilisation du service. Je vois ici que vous avez utilisé un pseudonyme, ce qui n’est pas conforme.
— Mais évidemment j’ai utilisé un pseudonyme ! Tout le monde me connait sous ce pseudonyme !
— Pour que vos amis puissent vous retrouver plus facilement, vous devez utiliser votre nom réel. C’est écrit dans les conditions d’utilisation.
— Mais je n’ai pas un seul ami qui utilise mon nom réel ! Ça va faire trente ans que tout le monde m’appelle comme ça !
— Peut— être, mais nos algorithmes ont détecté que vous utilisiez un pseudonyme et puisque ce n’est pas conforme aux conditions d’utilisation, votre compte a été désactivé.
— Mais j’ai créé mon compte sous ce nom, et je l’ai utilisé comme ça pendant des années !
— …
— On m’a dénoncé, c’est ça, hein ?
— Je n’ai pas le droit de vous répondre.
— C’est ce salopard de Feuillade, c’est ça ? Ou Cotin. Je parie que c’est Cotin ! Ou bien cette petite crapule mesquine et rancunière de JB ! Oui, c’est bien son style à celui-là !
— Je n’ai pas le droit de vous répondre.
— Mouais, on ne se mouille pas trop, hein ? Et sinon, pour mon compte, qu’est-ce que vous me suggérez ?
— Eh bien ! Vous pouvez créer un nouveau compte sous votre nom réel, cette fois. Donnez-moi vos papiers, que je vérifie votre identité.
— Mais puisque je vous dis que personne ne me connait sous ce nom là, à part ma famille et, franchement, ma famille…
— Votre nom réel permettra à vos amis de vous retrouver plus facilement…
— Pffff
— Si vous y tenez, vous pouvez ajouter votre pseudonyme entre parenthèses ou alors créer une page « Personnage public».
— Bah, laissez tomber !
— Merci de faire confiance à notre entreprise ! Au revoir et à bientôt, Monsieur Poquelin.
(C) Rozen Querre 2016